Kamchatka
Automne Boréal au Kamchatka
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La Sibérie évoque pour beaucoup, une immensité glacée et inhospitalière. C’est presque vrai en moyenne huit mois sur douze … Mais, il existe une petite période, en septembre, avant l’arrivée des premières neiges, durant laquelle cette région se pare de mille couleurs flamboyantes.En fait, lorsque vous voyagez dans la toundra à cette époque, que vous soyez en Alaska ou de l’autre côté de la mer de Béring, au Kamtchatka, vous verrez à quel point ce monde végétal à l’existence si précaire sait se rappeler à notre souvenir en nous proposant chaque automne un spectacle multicolore inoubliable. Mais au Kamchatka, l’activité volcanique permanente de la Péninsule vient ajouter à cette mosaïque végétale une fantaisie de couleurs supplémentaire, offerte cette fois par le monde minéral.
La Péninsule du Kamtchatka se situe dans l’extrême Est sibérien, à plus de 8000 km de Moscou. Elle s’avance dans l’Océan Pacifique Nord depuis la Tchoukotka sur près de 1500km du Nord au Sud et s’étend d’Ouest en Est sur près de 450km entre la Mer d’Okhotsk et la Mer de Béring. Elle est peuplée de 439000 habitants dont 359000 vivent à Petropavlovsk, la Capitale, située au sud de la Péninsule. Son climat est sous influence maritime le long des côtes et continental tempéré dans le centre. Les hivers sont les plus froids dans le centre avec des températures entre –22°C et –57°C en janvier. En juillet, le thermomètre peut y monter jusqu’à +37°C. Sur les côtes les températures moyennes de février oscillent de –15°C à –11°C et celles d’août de +12°C à +16°C.
La particularité du Kamtchatka réside dans son extrême activité volcanique. La Péninsule se situe sur la « ceinture de feu du Pacifique » et ne compte pas moins de 29 volcans actifs et près de 160 éteints. La plupart des cratères se situent le long de sa côte Est. On peut également y observer d’autres phénomènes comme les geysers, les sources chaudes et les marmites de boues. Un lieu unique rassemble tous ces éléments sur quelques km²: la caldera d’Uzon. Seulement accessible par hélicoptère en automne, il s’agit d’une vaste dépression d’origine volcanique située à 180km au Nord de Petropavlovsk. L’instabilité de l’écorce terrestre y a provoqué nombre de fractures tectoniques d’où s’échappent des fumerolles de gaz toxiques comme l’hydrogène sulfuré, le gaz carbonique, le méthane et d’où sont projetées des boues à haute température.
Lorsqu’on survole en hélicoptère cette véritable cuisine du diable, on est frappé par la multitude de couleurs que peut offrir la nature en un même lieu. Au bleu intense des lacs et ruisseaux se mêlent en surface le blanc des suspensions de soufre et des colonies de bactéries organisées en longs filaments mais aussi le vert des algues thermophiles. L’ocre, le jaune et le blanc des dépôts soufrés viennent compléter cette mosaïque. Néanmoins c’est en septembre, époque à laquelle ont été prises ces images, que ce spectacle atteint son paroxysme lorsque la végétation, abondante dans la caldera du fait des moyennes annuelles de précipitations et de la fertilité du sol, revêt ses couleurs d’automne.
Les premiers témoins à décrire ce spectacle (hors populations natives Koriaks, Itelmènes et Evènes que d’ailleurs ce lieu effrayait) furent les membres de la 2ème expédition Béring en 1741. L’apparence actuelle de la caldera avec ses lacs et ses bassins date d’environ 40000 ans. Elle est l’aboutissement de centaines de milliers d’années d’activité éruptive ayant débuté au Pléistocène, il y a 750000 ans, par des coulées basaltiques puis la formation d’un cône volcanique, lui-même détruit il y a 175000 ans lors d’une phase explosive pour conduire finalement à l’apparition d’un énorme cratère à l’Est (dont l’actuel Pic Barany 1617m qui borde la caldera est le témoin restant) et d’une vaste dépression à l’Ouest, l’actuelle caldera d’Uzon.
Plus au Nord, à 350km à vol d’oiseau de Pétropavlovsk, mais accessible en camion 6×6 par un trajet de 12 à 15 heures de piste se trouve le volcan Tolbachik (3085m). Sa dernière grande éruption remontait à 1941, avant celle de 2013 qui a redessiné le paysage. A 15 km de là, était apparu lors d’une série de petites d’éruptions entre 1975 et 1976, un chapelet de petits cônes s’étendant sur 3 km. Une ballade à pied dans cette zone dévastée ne peut vous laisser indifférent car vous avez l’impression de vous trouver sur la Lune. D’ailleurs les Russes ne s’y sont pas trompés : c’est ici qu’ils avaient essayé dans les années 60 leur véhicule lunaire « Lunarod ». Tout est noir, il n’y a pas de végétation, uniquement des cendres, des coulées de lave solidifiée et quelques bombes volcaniques.
C’est un spectacle apocalyptique qui s’offre à vous. Les scientifiques Russes viennent encore ici aujourd’hui, mais cette fois pour étudier les effets thermiques des explosions nucléaires et observer comment la nature peut renaître après une telle catastrophe. Il est vrai que la vision impressionne. Les formes torturées des arbres calcinés et de leurs racines témoignent de la fournaise qui régnait ici il y a 25 ans. Aujourd’hui, de place en place la nature reprend ses droits sous forme de mousses, de buissons et d’arbres nains. Le spectacle multicolore qu’elle nous offre en ce mois de septembre semble un défit à l’uniformité terne de cet univers de cendres.
A l’est de cette région, à seulement 100km à vol d’oiseau mais tout de même à près de 6 heures de piste en véhicule 6×6, se trouvent les villages d’Anavgaï et d’Esso. Ces villages sont peuplés principalement de nomades Evènes sédentarisés. Au centre d’Esso, ont été reconstituées des habitations traditionnelles en bois de mélèze provenant des grandes forêts qui entourent le village et donnent à la vallée un aspect toujours vert. Du reste le nom « Esso » signifie « mélèze » en Evène. Cette région est l’endroit idéal pour partir au Nord Ouest à la recherche des immenses troupeaux de Rennes. Comme les éleveurs déplacent sans cesse les troupeaux en quête de nouveaux pâturages, il est impossible de savoir à l’avance où ils sont et le seul moyen efficace de les trouver reste l’hélicoptère. Une fois repérées les « yarangues » du campement des éleveurs, le troupeau n’est plus loin. En septembre, époque du rut, les mâles adultes très nerveux et agressifs engagent souvent des combats entre eux. A cette époque leurs bois ont atteint leur maximum d’envergure et les velours qui les protégeaient sont arrachés laissant apparaître la couleur vive de la corne dont ils sont faits comme chez tous les cervidés.
Beaucoup plus au nord, au-delà de volcans Klyuchevskoy et Chiveluch, presque à l’embouchure de la rivière Kamchatka, se trouve un très grand lac et contrairement aux autres lacs du Kamchatka plus connus, les lacs Kuryl et Kronotsky, celui-ci est rarement visité : c’est le lac Azabachje. Difficile d’accès, c’est un véritable paradis sauvage caché entre taïga et montagnes. Evidemment, en automne, à l’époque de la grande migration des saumons, les ours très nombreux parcourent ses rives en quête de leur nourriture favorite qui leur apportera les protéines nécessaires à leur long hivernage, jusqu’à la fonte des premières neiges en avril dans cette région.
Voyager dans les régions les plus reculées du Kamtchatka nécessite souvent une logistique importante. Mais que ce soit en hélicoptère MI-8 ou en camion Oural 6×6, l’aventure sera au rendez-vous et elle vous conduira vers des lieux somptueux et rarement visités …